Focus sur les violences faites aux femmes en France
Une femme tous les 3 jours, tuée par un homme qui se dit “amoureux”.
Elles avaient entre 15 et 92 ans, elles s’appelaient Aurore, Letitia, Raymonde, elles habitaient au Nord, au Sud, en ville, en campagne.
Elles ont été victimes de violences sans avoir eu la chance de s’en sortir. Un drame qui se perpétue chaque année, encore et encore, que les manifestations féministes en France décomptent en choeur pour mieux les dénoncer. “4… Pas une de plus ! 5… Pas une de plus ! 6… “
Pourtant, il y a bien un mécanisme derrière de tels actes, de telles violences, de telles souffrances. Une cause qui a d’innombrables conséquences et compte quelques moyens de s’en relever.
Un témoignage touchant et inspirant, qui nous permettra à nous aussi d’entrevoir une lueur d’espoir.
1. Les violences faites aux femmes en France: quelques chiffres
“Oui mais, les hommes aussi sont victimes de violences, pourquoi ne parler que des femmes !” “De toute manière, si elle s’est faite agressée c’est sa faute, vous avez vu sa tenue ?” “Oh et puis, vous avez vu dans les autres pays, c’est pire de toute façon !”.
- Oui, les hommes sont aussi victimes de violences.
- Non, la tenue des femmes n’a aucune incidence sur les agressions.
- Oui, dans les autres pays, la situation est souvent pire.
2. Les différents types de violence
- Les violences physiques :
- Les violences sexuelles :
Ça me rappelle cette femme que j’avais croisée dans la file d’attente de la Poste… Et qui se plaignait que les hommes ne puissent plus lui toucher les fesses dans la rue. Je suis encore choquée que certaines femmes elles-mêmes ne s’aperçoivent pas de la gravité de certains actes.
- Les violences psychologiques :
Un rapport pervers qui n’a plus rien à voir avec l’amour, qui sert pourtant de couverture à ces manipulateurs. “Tu serais personne sans moi !” Ah oui ? Parce que j’ai besoin d’un cerveau supplémentaire pour réfléchir par moi-même ?
Il est donc très important pour toutes de bien comprendre ces différentes violences, de réaliser qu’on ne doit rien laisser passer ; ni une insulte, ni une petite claque, ni un attouchement de trop, quitte à sembler un peu trop “extrême” pour certain.es qui préfèrent, une fois de plus, accuser ceux qui dénoncent et non ceux qui commettent.
3. Quelles en sont les origines ?
Et c’est bien là le cœur du problème : des années, des siècles, des millénaires d’histoire où les hommes ont été considérés supérieurs aux femmes, et autant de temps pour nous à courber l’échine pour plaire à ces être divins. Tout ça parce que nous avons sciemment mangé le fruit défendu ; vilaines sorcières que nous sommes…
Des chapitres et chapitres d’histoire à nous effacer (et nous faire effacer) pour laisser briller les hommes, ces grands monarques, ces grands artistes, ces grands guerriers.
Et puis, enfin, au XXe siècle, le droit d’avoir un compte bancaire ; le droit de voter ; le droit d’avorter ; le droit d’exister, de nous approprier nos corps, le droit de vivre… Comme un homme.
Notre histoire a fait de notre pays ce qu’il en est, notre système ce qu’il en découle. Les hommes continuent de grandir sur un piédestal sculpté par nos ancêtres. Et si heureusement il y a des hommes capables de discernement qui participent à la construction d’une marche égalitaire pour nous, il y en a d’autres qui profitent du socle qu’ils ont pour mieux asseoir leur autorité. Ceux-là mêmes qui sont si hauts dans leur estime qu’ils ne voient même plus le piédestal sur lequel ils reposent en toute tranquillité.
Aucune femme en devenir ne mérite de subir encore de tels outrages. Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai deux adorables petites nièces. Et je refuse qu’elles subissent les conséquences d’une histoire faite de domination à une époque où on peut enfin changer les choses…
4. Comment sortir de ce schéma
Comprendre qu’elles ne sont pas justifiables, que le manque de respect, quel qu’il soit, est à proscrire et à éviter ; parce qu’on mérite toutes bien mieux que d’essuyer des insultes quotidiennes.
Car non, “un crime passionnel” ça n’existe pas - aux dernières nouvelles, on ne tue jamais par amour. Un homme qui tue une femme est un assassin, pas un “amoureux qui s’est emporté”. Vous verrez, une fois qu’on commence à se renseigner sur le sujet, on finit vite par s’apercevoir qu’il y a encore bien du boulot à faire… Ca tombe bien : on a besoin de vous !
J’entends par là ceux qui n’ont pas encore conscience que certains comportements peuvent être dérangeants.
On a toutes cet ami maladroit, qui a parfois des remarques déplacées parce qu’il ne mesure pas la gravité de certains actes. Et bien n’hésitons pas à lui rappeler qu’un viol reste un événement traumatique ; que tuer une femme c’est un meurtre et pas juste un accès de colère ; que siffler une jeune fille dans la rue, c’est lourd et pas du tout gratifiant.
A force de nous dire qu’en tant que petites filles on doit s’identifier à la douce princesse alors que nos copains garçons peuvent jouer au preux chevalier… On finit par croire en ces rôles fixes de garçons téméraires et entreprenants et de filles sages qui doivent plaire.
Mais alors, quoi de plus normal que le petit Léo qui regarde sous la jupe des filles ! Après tout, elles sont là pour être sages et pour plaire.
Et on finit ainsi par construire des rôles bien genrés où on ne se rend même plus compte du rapport inégal dans lequel on a été bercé. Il suffit de regarder la tendance de "l'entre filles" pour en comprendre l'ampleur.
Le 3919 est un numéro à garder en tête : il permet de rejoindre la plateforme nationale d’écoute des femmes en cas de violence.
Tous les tunnels ont un bout, un éclat de lumière ; une lueur d’espoir qui finit par nous tirer, lentement, mais sûrement, vers la fin du cauchemar.
On n’oublie jamais le chemin emprunté, mais on peut au moins profiter du reste de notre trajet. Et pour y parvenir, on peut compter sur des professionnels comme des psychologues spécialisés dans les situations traumatiques vécues par les femmes victimes de violence, mais aussi sur le soutien de son entourage quand celui-ci est présent.
Se retrouver, se recentrer, pour mieux établir les bases sur lesquelles ont veut se reconstruire.
La Voyageuse offre ainsi des pass pour les femmes victimes de violence afin de leur proposer un moyen de se défaire de ce passé.
Vous pouvez vous aussi aider ces femmes à s'émanciper en devenant une hébergeuse solidaire pour les accueillir au cours de leur voyage.
5. Le témoignage de Patricia
Fanny : Quelle(s) type(s) de violence as-tu subie(s) ? Venant de qui ? Pendant combien de temps ?
Patricia : “Mon mari, charmant et vraiment gentil, mais chargé de colère et de rancoeur et addict au jeu de poker dans les bars et forcément, à l’alcool.... Il rentrait alcoolisé et il fallait que j’honore mon rôle d’épouse, devant le refus cela finissait toujours par un viol.”
F : Comment t'en es-tu sortie ? Quel a été le "déclic" s'il y en a eu un ?
P : “Notre petit garçon d’un an s’est réveillé une nuit a vu que son père me roulait de coups. Il m’a dit "Papa méchant, veux mamie”. J’ai pris le petit et nous sommes partis.”
F : Qu'est-ce qui aurait pu t'aider à te défaire de cette emprise ?
P : “C’est la question que je me pose encore ! Je ne sais pas, devant un homme de 1m90 saoul et en colère on essaie juste de calmer la situation. J’avais peur de mourir sous un mauvais coup donc on "accepte".”
F : Et après, qu'est-ce que tu as fait ? Comment a été ce temps de transition ?
P : “Je suis partie dans un foyer de jeunes filles mais le lendemain je suis allée vivre chez mes parents car je sais que ma mère aurait été blessée de nous savoir au foyer. J’ai porté plainte contre mon mari. Mais je suis quand même retournée chez nous et j’ai parlé de séparation en espérant le faire réagir… Mon mari est devenu vraiment absent et a joué de plus en plus, alors je suis repartie. J’ai finalement obtenu un divorce pour faute en retirant ma plainte.”
F : Tu as déjà voyagé en solo ? Où ça ?
P : “Après cette période difficile j’avais besoin d’air mais aussi de travail. Je me souviens, j’étais en formation de secrétariat et je m’ennuyais profondément. Un jour en pause j’ai vu dans un magazine une pub de voyage pour la Grèce, l’après-midi j’ai pris un vol sec pour Athènes. J’ai laissé mon petit à mes parents car ils ne voulaient pas que je l'emmène et je suis partie 10 jours... 10 jours de rêve et de reconstruction, se retrouver face à soi. J’avais alors 28 ans.”
F : Pourquoi tu as décidé de partir seule ?
P : “Plutôt seule pour voir de quoi j'étais capable et évacuer tout sentiment de culpabilité.”
F : Qu'est-ce que ça t'a apporté ?
P : “De belles rencontres, en fait on part seule mais déjà dans l’avion j’ai rencontré une fille voyageant seule, on a fait un bout de route ensemble. Je suis revenue plus forte et sans regrets.”
F : Qu'est-ce que tu retiens de ce voyage ?
P : “La gentillesse des gens que tu rencontres, les habitants qui veulent partager leur culture, leur repas… Voyager en sac à dos est bien plus riche qu’en voyage organisé. J’ai dormi sur les toits des maisons… Dans les auberges de jeunesse on rencontre beaucoup de personnes seules.”
F : Ton meilleur souvenir de ce séjour (une anecdote, un fou-rire...) ?
P : “Arrivée dans un village, j’avais mon sac à dos et je cherchais une chambre pour la nuit. J’ai vu 3 papous (grands-pères) assis à une table de bar… Ils m’ont dit "Petite, laisse ton sac, ici en Grèce il ‘ y a pas de voleur… ou alors c’est un touriste !” J’ai donc laissé mon sac au pied d’un arbre et je suis revenue 1h après. Il était toujours là ! J’ai appris à faire confiance.”
F : Un conseil pour celles qui n'osent pas se lancer dans le voyage solo ?
P : “On part seule mais vraiment, on ne voyage jamais seule. C’est une telle découverte sur soi, ses capacités, que cela donne une force pour affronter tous les tracas de la vie… Un souci au boulot, il faut se positionner ? Je me replonge dans mes voyages et je trouve la force nécessaire.”
Un exemple de courage qui nous prouve qu’on peut toujours se relever, même du pire.
Le temps d’écrire cet article, une 74ème femme en France est morte sous les coups de son conjoint.
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Grandes voyageuses, ou femmes qui osent l’aventure pour la première fois, les rédactrices de NomadSister sont toutes des passionnées de voyages. Elles partagent leurs conseils et expériences avec cette envie de vous donner des ailes.
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